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Raconter

14/4/2017

 
Je prends des notes avant même de vous rencontrer. J'écris les questions que j'aimerais vous poser, celles qui me viennent, celles que je ne veux pas voir s'échapper, en fonction des quelques informations que vous m'avez confiées avant la rencontre pour de vrai. J'ai des papiers en vrac, des carnets à lignes, d'autres à carreaux, tout ça est coincé entre mes bouquins, dans mon sac, dans une pochette, à portée de main. J'écris tout ce que j'aimerais vous demander, tout, y compris les questions les plus intimes. Il y a des échanges succincts avant le rendez-vous, par téléphone ou par écrit. 
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Les plannings sont chargés, il faut trouver un moment entre la vie, le travail, les enfants, les voyages, les soirées, pour réussir à voler un peu de temps pour se retrouver. Ça se passe quasiment toujours dans une brasserie, un restaurant, un simple café ou un vieux bistrot. À chaque fois je tremble en arrivant, comme avant une rentrée des classes, ou un premier baiser. Je stresse, j'angoisse, je ne sais plus si je dois passer la porte, si je vais réussir à parler, à dire à quoi sert le projet, pourquoi j'y crois, ce que j'ai envie d'y mettre, ce que j'ai envie de construire, pas à pas, avec chacun d'entre vous. Parce que souvent j'ai peur de ne pas savoir comment me comporter, si je réussirai à rester à la hauteur de cette confiance que vous êtes en train de m'accorder. Vos mots, vos histoires, vos parcours, ce secret, tout ce "tout" me donne des frissons. C'est à chaque fois pareil et je m'étonne de ne pas réussir à forger ma carapace.

Et puis plus l'heure avance et plus je sens la connivence, plus je sais que nous partageons un bout de la même histoire, des mêmes angoisses, des mêmes questionnements. Ce sont les mots qui viennent en premier, avant les regards, les émotions, les lettres une à une épelées qui signent une sorte de pacte invisible : quelque part, on se (re)connaît.
En fait la carapace, on s'en fout.
Et j'oublie de poser mes questions.
On parle, on frémit, on se regarde, on laisse passer les silences, c'est tout.


Il y a cette échange, et ensuite il y a tout ce que je réécris, ce que j'ai entendu écouté, compris. Je trace des lignes, des schémas, des chiffres, des dates, je reconstruis des arbres généalogiques, je cherche à raconter votre vérité. Rien n'est inventé, ce sont vos histoires, vos mots et les miens. Ce sont des récits. De votre histoire, votre portrait, votre vie.
Souvent on ne se connaissait pas la semaine d'avant mais depuis, on s'écrit régulièrement, on se tient au courant, on prend des nouvelles, on se soutient. Je chéris ces rencontres et la richesse relationnelle, humaine, que l'on s'apporte, ce réconfort, cette attention à l'autre. Raconter d'autres vies que la sienne c'est un drôle d'exercice, constamment sur le fil, pour recréer l'équilibre de notre conversation de fin de journée, pour ajuster l'équilibre des phrases, trouver la musique qui soit au plus proche du ressenti de chacun d'entre vous. Et quand, plusieurs semaines après ce premier rendez-vous vous me dites que vous êtes prêts, alors il faut encore quelques jours pour que je me sente le droit de cliquer sur "publier".  Je tremble, et j'y vais.

C'est le même sentiment qui m'étreint aujourd'hui, en préparant les prochains témoignages. Plus on avance dans le projet, plus l'implication émotionnelle est grande. J'écris ce que je pressens, je trace le cadre de ce que pourra être le prochain entretien, j'attends les rendez-vous comme une adolescente timide et exaltée à la fois. Il ne faut pas vous trahir, respecter vos sentiments, non-dits, sensations, ellipses et oublis. Quatre portraits à rédiger, quatre parcours à raconter, quatre manières de voir, et toujours ce même secret.
Et puis il y aura ce portrait un peu à part, que j'aurais pu faire en premier tellement il est lié à la genèse du projet, et qui ne vient que maintenant, à sa place, au bon moment. Il sera semblable aux autres et en même temps très différent, forcément. Un jour je vous raconterai comment le hasard met les gens sur notre route, comment deux écorchés se retrouvent liés par un secret de famille et comment il est possible de reconstruire une seule vie à partir de deux histoires brisées. 
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« Quand le secret se révèle, 
on a l’impression de découvrir
quelque chose d’inouï et en même temps 
de l’avoir toujours su. »

Ph. Grimbert

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