Bande de Bâtards
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3/1/2018

 
Photo
© Genaro Bardy
"Des terres brunes, j’ai voulu ne garder de souvenance aucune. Mais c’était des terres humides, qui s’accrochaient aux pieds. Même au-dessus du vide, elles restaient collées."

Il y a quelques temps, j'ai été contactée par un journaliste de L'Obs, pour raconter mon histoire et parler du projet.
De cet article qui raconte mon histoire, j'ai envie de retenir ces paroles de Dominique A., très justement choisies par le journaliste.
Je connais mon histoire par cœur évidemment, mais c'est étrange de la lire à travers les phrases de quelqu'un d'autre. Encore plus quand il clôt l'article par ces mots qui me touchent en plein cœur. Depuis la parution j'ai de nouveau reçu des messages "d'autres comme moi", tout aussi perdus face à la montagne que représente un secret qui les concerne. C'est tellement difficile parfois, à surmonter.

Je vous laisse découvrir l'article, j'espère qu'il vous permettra d'y voir plus clair dans ces drôles d'histoires:
Le secret de Marie : "Ça vous plairait d'être ma fille ?"

C'est donc le premier de quelques rendez-vous de cette deuxième saison du projet, il y aura encore des portraits bien sûr, et quelques surprises que nous vous ferons découvrir au cours de l'année.
​Merci pour votre fidélité.

Raconter

14/4/2017

 
Je prends des notes avant même de vous rencontrer. J'écris les questions que j'aimerais vous poser, celles qui me viennent, celles que je ne veux pas voir s'échapper, en fonction des quelques informations que vous m'avez confiées avant la rencontre pour de vrai. J'ai des papiers en vrac, des carnets à lignes, d'autres à carreaux, tout ça est coincé entre mes bouquins, dans mon sac, dans une pochette, à portée de main. J'écris tout ce que j'aimerais vous demander, tout, y compris les questions les plus intimes. Il y a des échanges succincts avant le rendez-vous, par téléphone ou par écrit. 
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Les plannings sont chargés, il faut trouver un moment entre la vie, le travail, les enfants, les voyages, les soirées, pour réussir à voler un peu de temps pour se retrouver. Ça se passe quasiment toujours dans une brasserie, un restaurant, un simple café ou un vieux bistrot. À chaque fois je tremble en arrivant, comme avant une rentrée des classes, ou un premier baiser. Je stresse, j'angoisse, je ne sais plus si je dois passer la porte, si je vais réussir à parler, à dire à quoi sert le projet, pourquoi j'y crois, ce que j'ai envie d'y mettre, ce que j'ai envie de construire, pas à pas, avec chacun d'entre vous. Parce que souvent j'ai peur de ne pas savoir comment me comporter, si je réussirai à rester à la hauteur de cette confiance que vous êtes en train de m'accorder. Vos mots, vos histoires, vos parcours, ce secret, tout ce "tout" me donne des frissons. C'est à chaque fois pareil et je m'étonne de ne pas réussir à forger ma carapace.

Et puis plus l'heure avance et plus je sens la connivence, plus je sais que nous partageons un bout de la même histoire, des mêmes angoisses, des mêmes questionnements. Ce sont les mots qui viennent en premier, avant les regards, les émotions, les lettres une à une épelées qui signent une sorte de pacte invisible : quelque part, on se (re)connaît.
En fait la carapace, on s'en fout.
Et j'oublie de poser mes questions.
On parle, on frémit, on se regarde, on laisse passer les silences, c'est tout.


Il y a cette échange, et ensuite il y a tout ce que je réécris, ce que j'ai entendu écouté, compris. Je trace des lignes, des schémas, des chiffres, des dates, je reconstruis des arbres généalogiques, je cherche à raconter votre vérité. Rien n'est inventé, ce sont vos histoires, vos mots et les miens. Ce sont des récits. De votre histoire, votre portrait, votre vie.
Souvent on ne se connaissait pas la semaine d'avant mais depuis, on s'écrit régulièrement, on se tient au courant, on prend des nouvelles, on se soutient. Je chéris ces rencontres et la richesse relationnelle, humaine, que l'on s'apporte, ce réconfort, cette attention à l'autre. Raconter d'autres vies que la sienne c'est un drôle d'exercice, constamment sur le fil, pour recréer l'équilibre de notre conversation de fin de journée, pour ajuster l'équilibre des phrases, trouver la musique qui soit au plus proche du ressenti de chacun d'entre vous. Et quand, plusieurs semaines après ce premier rendez-vous vous me dites que vous êtes prêts, alors il faut encore quelques jours pour que je me sente le droit de cliquer sur "publier".  Je tremble, et j'y vais.

C'est le même sentiment qui m'étreint aujourd'hui, en préparant les prochains témoignages. Plus on avance dans le projet, plus l'implication émotionnelle est grande. J'écris ce que je pressens, je trace le cadre de ce que pourra être le prochain entretien, j'attends les rendez-vous comme une adolescente timide et exaltée à la fois. Il ne faut pas vous trahir, respecter vos sentiments, non-dits, sensations, ellipses et oublis. Quatre portraits à rédiger, quatre parcours à raconter, quatre manières de voir, et toujours ce même secret.
Et puis il y aura ce portrait un peu à part, que j'aurais pu faire en premier tellement il est lié à la genèse du projet, et qui ne vient que maintenant, à sa place, au bon moment. Il sera semblable aux autres et en même temps très différent, forcément. Un jour je vous raconterai comment le hasard met les gens sur notre route, comment deux écorchés se retrouvent liés par un secret de famille et comment il est possible de reconstruire une seule vie à partir de deux histoires brisées. 
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chercher

28/3/2017

 
Il y a quatre ans à cette heure-ci je me réveillais à Larchmont, une banlieue de New-York. Arrivée la veille, j'avais pris le train de Grand Central pour retrouver ma famille d'accueil, la même que celle qui m'avait hébergée plus de 20 ans auparavant lors de mon premier séjour à l'étranger. C'est marrant, les cycles de la vie : en posant le pied par terre, dans ce sous-sol aménagé en chambre d'amis, je me suis dit la même chose que des années avant: " Ils sont quand même vachement hauts, les lits aux Etats-Unis ".

Il y a quatre ans à cette heure-ci j'appelais ma fille pour lui fêter son anniversaire, dans un appel longue distance qui lui semblait venir de l'autre bout de la terre. Pour la première fois je ne serais pas là le jour J, pour embrasser son front et ses joues rebondies. En raccrochant avec elle, je pensais au jour de sa naissance, et à ce qui allait se passer dans ma vie dans quelques heures, et qui ressemblait fort à une renaissance. La boucle allait être bouclée.

Il y a quatre ans à 14:00, heure locale je sortais du métro. L'air était doux, j'avais du soleil plein les yeux et j'étais trop habillée. J'avais froid, chaud, froid et et encore chaud. Carolyn était venue avec moi, prête à me retrouver si besoin, m'attendant sagement dans un café pas trop loin. On s'était quittées ado et on se retrouvait adultes à vivre un des moments les plus importants de ma vie. On avait fraudé dans le train pour venir, ça nous avait fait marrer.


​Il y a quatre ans je traversais le hall d'un hôtel de luxe, pile à l'heure au rendez-vous qu'il m'avait fixé. Je ne savais pas si j'allais le reconnaître, puisque je ne l'avais jamais vu de ma vie. Je ne savais pas trop quoi faire de mes mains, mes bras, mes jambes et mes pieds. Trop grande, trop godiche, pas trop lents ou trop pressés. Ce n'est pas facile de s'y préparer. Et si je ne le reconnaissais pas? S'il me voyait et qu'il partait? Si ce type ne me plaisait pas? Et je l'ai vu à l'endroit où je m'y attendais le moins, dans ce recoin sur la droite en entrant. Je me suis retournée au moment même où je passais devant. Enfin, à côté.
C'est bizarre, de retrouver quelqu'un que vous ne connaissez pas. Quelqu'un avec qui vous n'avez aucun enjeu, si ce n'est celui de vous raconter vos histoires, votre histoire, puisque c'est la même. C'est pire qu'un enjeu, c'est toute sa vie qu'on joue aux dés. Est-ce qu'il pourra un tout petit peu m'aimer comme je suis?

Il y a quatre ans, à quelques pas de la 5e avenue, j'ai rencontré mon père biologique pour la première fois.
​C'est un peu mon anniversaire aussi aujourd'hui.
Photo
© Genaro Bardy
Et pourtant, cette recherche m'a coûté.
Plusieurs fois j'ai bien failli tout laisser tomber : j'avais beau chercher dans tous les sens, il était introuvable. Je ne compte plus les soirées à fouiller le web et les archives pour trouver la moindre piste, le plus petit indice, une trace, quelque chose pour me faire tenir. 
Comment on fait pour retrouver un père qui ne vous connaît pas?
C'est difficile.
Parce que personne ne peut vous aider.
Votre famille ne comprend pas, vos amis minimisent les faits.

"Mais à quoi ça va te servir?"
"Tu as un père, il t'a élevée, c'est dur de lui faire ça!"
"Tu ne veux pas arrêter de remuer ces vieilles histoires?"

"Ce n'est pas si grave, ce qui t'arrive."

Il y a beaucoup de configurations différentes, quand on décide de partir à la recherche de son parent biologique après la révélation d'un secret. Très souvent on ne s'en sent pas le droit. On a peur de blesser sa famille, peur de blesser celui qu'on retrouve, peur de gêner, peur de poser des questions. On s'excuse avant même d'avoir essayé quoi que ce soit. On se sent terriblement isolé. Comment on fait quand on ne dispose que d'un nom et d'un prénom? Le monde entier devient une botte de foin, et on devient dingue à force de ne penser qu'à ça.

J'ai traversé quelques années compliquées, autour de moi on ne comprenait pas ce besoin viscéral de savoir d'où je venais. Quelles sont mes origines, d'où vient mon père, quelle est son histoire familiale?
Et moi? 
À qui je ressemble avec mes longues jambes, mes yeux ronds et mes cheveux blonds?

Tant que d'autres se poseront le même genre de questions je continuerai ce projet.
Parce que cette quête un peu désespérée, beaucoup d'autres personnes la traversent. Seuls.
C'est nécessaire de reconstruire son puzzle identitaire quand tout vient de voler en éclats. Ce n'est pas anodin, d'apprendre qu'on n'est pas l'enfant de celui, ceux, que l'on croyait. Les lignes bougent, celles de sa famille, celle de ses valeurs autour de la vérité, du mensonge et des secrets, celle de sa propre présence au monde. C'est un immense puzzle qu'il faut reconstituer.


Le mien est loin d'être terminé. Beaucoup de mes questions sont restées sans réponse. Retrouver mon père n'a pas été une fin en soi. Mais ça m'a permis de placer cette petite pièce qui traînait dans un coin, celle qu'on n'arrive jamais à poser sur le plateau, celle au milieu des 1.499 autres pièces du modèle.
​

J'ai le temps, tout le temps, puisque depuis ce jour-là,  je sais un peu mieux qui je suis.

Photo: © Genaro Bardy

révéler

11/3/2017

 
Cette fois ça y est, l'aventure peut bel et bien commencer. Vous êtes très nombreux à nous avoir rejoints, merci pour votre confiance dans ce projet.

Nous préparons les prochains portraits avec un enthousiasme nouveau, celui de savoir que vous allez nous lire et découvrir nos témoins. Bande de Bâtards prend son sens dans votre regard : le but, c'est bel et bien 
que ces histoires existent quelque part, qu'elles soient verbalisées, illustrées, incarnées. Qu'elles soient lues et reconnues. Parce que ces histoires ont tellement à voir avec la reconnaissance, la renaissance, la connaissance... Votre soutien, vos messages et votre présence nous confortent dans l'idée que ce projet est nécessaire, pour s'écouter, se retrouver, se reconnaître, s'aider peut-être aussi.

​Nous vous raconterons ici les coulisses du projet, les rencontres avec les participants, les émotions et les fous rires quand on se rend compte que l'on partage le même bout de vie, nous essaierons de vous transmettre l'émotion qui nous étreint quand on se reconnaît dans les mots de l'autre qu'on ne connaissait pas la veille et qui devient, au détour de quelques phrases, un compagnon de voyage, celui qui a traversé les mêmes interrogations, la même solitude et les mêmes joies à retrouver un père inconnu ou à se réconcilier avec sa famille. Il s'agit bien de ça : se ré/concilier avec soi, avec son identité. Ce sont des chemins de vie qui sont porteurs d'une résilience inouïe.
Nous vous proposerons également des éclairages de professionnels sur le sujet, pour mieux comprendre les mécanismes à l'oeuvre dans les secrets de famille liés à la filiation: le ressenti, la révélation, l'après, la reconstruction.

C'est une belle aventure humaine qui commence. Nous sommes heureux qu'elle existe et qu'elle prenne forme, doucement, sûrement, durablement.
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« Quand le secret se révèle, 
on a l’impression de découvrir
quelque chose d’inouï et en même temps 
de l’avoir toujours su. »

Ph. Grimbert

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